HISTOIRE :
« Tu n'es rien, Ess. »

Le petit garçon leva les yeux vers son père. Ce dernier était un fier guerrier d'Hurlevent. Des cicatrices plein le visage, plein le corps... cela ne l'empêchait pas de se battre. Il était encore debout, l'épée à la main. Et pour lui, rien ne valait la peine d'abandonner. Leïross avait compris ceci, et c'était sa force au combat. Il combattrai jusqu'à son dernier souffle. Comme son père, et tout ces ancêtres. Et son fils devait faire de même. Pour cela, Ess devait progresser. Il devait acquérir cette volonté de fer qui animait cette famille. Il devait apprendre, et ne jamais abandonner.

« Lèves toi. »
« Non ! J'en ai marre j'y arrive pas ! »

Le père fit un pas en avant et donna une gifle à son fils. Son regard de braise se planta dans celui du petit garçon.

« Ne redis jamais ça ! Tu te tais, tu te lèves et tu recommences ! »

Une larme coulant sur sa joue, le petit garçon aux cheveux d'un noir de jais se releva doucement.

« Allez ! Enerves toi ! »

Une femme vint les rejoindre, dans le parc d'Hurlevent. Elle était, comme son fils, brune, à la peau mate. Elle avait de grands yeux verts. Elle posa un regard désolé sur son fils, qui essuyait sa larme, se faisant insulter par son père. Elle dit, doucement:

« Il est jeune... Laisses-lui le temps... »
« Tais-toi. Tu t'occupes de son éducation, moi de ses performances. Ne te mêles pas de ce que tu ne connais pas.»

La femme serra les dents mais ne riposta pas. Elle ne ripostait jamais. Ess lança un regard noir à son père. Il voyait que sa maman n'était pas bien. Il voyait que son père était impitoyable envers eux. Il leva son épée à deux mains, beaucoup trop lourde pour lui, et chargea sur son père. En deux mouvements, ce dernier le mit à terre, sans pitié. Il lança un regard de dégoût à son fils et rangea son épée. Sans un mot, il partit.

Les années passèrent. Ess grandit, et suivit son entrainement de guerrier avec les autres jeunes garçons. Mais il était le moins bon. Et son père ne manquait pas de lui rappeler.

« Tu est lent. »
« L'armure est trop lourde. »
« Tu n'a pas de force. »
« L'épée est trop lourde. »
« Tais-toi ! Tu es faible, tu n'es rien Ess, tu n'es rien du tout... »

Le discours n'avait pas changé depuis son enfance. Ess n'avait aucune envie de devenir comme son père. De devenir un combattant, sans coeur, impitoyable, méchant. Il le dégoûtait. Il ferait tout pour ne pas devenir comme lui, il le savait.

Lorsqu'Ess eut quinze ans, sa mère quitta son père, épuisée de supporter un tel homme. Elle retourna vivre aux Tanaris. Ess ne pouvait aller avec elle. Il devait devenir soldat d'Hurlevent. C'est ce que son père avait décidé. Ess comprit qu'il fallait faire un choix. Faire comme sa mère: passer sa vie à la merci de ce tyran, ou faire sa propre vie. Il décida de ne plus se laisser faire. Son père voulait la guerre ? Il allait l'avoir.

Ess commença à ne plus aller aux entrainements. Il disparaissait quelques jours, et à son retour, son père lui faisait regretter. Mais il ne pouvait l'en empêcher. Ess arrivait toujours à s'échapper, se fichant de la punition qui l'attendait. Lorsqu'il fuyait, il se réfugiait à Baie-du-Butin. Il trainaît au port, au milieu des allées et venues des marchands. Il observait ce mode de vie: loin de la guerre, toutes les races communiquaient et échangeaient. Ess comprit que ce monde était mille fois plus intéressant que celui de son père. Ici, il y avait un mélange de cultures, on accueillait l'Autre, plutôt que de lui planter une épée dans le ventre. Ess se mit à haïr la guerre, ou du moins, à n'y trouver aucun intérêt. Vivant tantôt seul, tantôt chez son père, il se forgea son caractère. Il devint celui qu'il voulait être: Quelqu'un de libre. Pas comme sa mère. Quelqu'un qui ferait ses propres choix. Pas quelqu'un d'aveuglé par le patriotisme et la conquête de l'Honneur. Pas comme son père. Ess comprit que c'était à lui de choisir qui il voulait être. Il devint petit à petit ce jeune homme libre, insensible aux reproches de son père. Il voulait se forger une armure contre lui. Une armure qu'il ne pourrait pénétrer. Une armure qui le protégerait de lui, et de tout ceux qui tenteraient de le blesser, du moins moralement. Pour cela, Ess se renferma sur lui-même. Il ne se faisait pas d'amis. Ni d'ennemis. Il ne devait avoir aucun sentiment, envers personne. Car il l'avait comprit depuis qu'il était petit: la pire blessure était celle des sentiments. Il devait être vide. Afin que rien ne puisse l'atteindre. Il s'entrainait seul au combat à mains nues, reniant les armes. Il frappait dans des sacs de sable, à Baie-du-Butin. Il frappait, encore et encore. Cela était vital, pour expulser la rage qu'il avait en lui et devenir cette coquille vide. Petit à petit, la vie chez son père ne l'effrayait plus. Lorsque ce dernier le rabaissait, le traitait de moins que rien, Ess n'écoutait plus. Ces épées n'atteignaient plus son coeur. Lorsqu'il combattait avec d'autres guerriers, qui se moquaient de lui car il était bien moins bon qu'eux, il leur souriait. Il pensait alors qu'il était bien plus intelligent qu'eux. Qu'eux allaient mourir jeunes, pour une cause perdue, tandis que lui vivrait, loin de cette haine. Heureux. Libre. Ess n'attendait plus qu'une chose. Sa majorité. Chez les humains, elle était à 19 ans. Il l'atteint. Il était temps de partir, enfin.

C'était en fin de matinée. Ess avait donc 19 ans. Le Griffon qu'il chevauchait depuis Baie-du-Butin atterit à Hurlevent. Ess descendit et rentra chez lui, dans la vieille ville. Il passa la porte. Il reçu un coup de poing dans la figure, qui le fit tomber à terre.

« T'étais où encore ? Espèce de petit... »

Ess ne bougea pas. Il resta assis, à terre. Son père fut surpris qu'il ne réagisse pas.

« Lèves toi mauviette. C'est l'heure de l'entrainement. Tu sais qu'aujourd'hui est un jour important...»

Ess se leva sans un mot et sortit. Tout deux allèrent au parc, rejoindre les autres apprentis guerriers. Les mains dans les poches, pieds-nus, Ess marchait sans conviction. Il réfléchissait. Un sourire apparu sur son visage lorsqu'il vit que de nombreux élèves et combattants étaient là aujourd'hui. Bien. C'était le bon jour. Tous partirent en direction de Strangelronce, l'arène des Gurubashi. Aujourd'hui, ils étaient mis en situation d'arène. C'était le moment de montrer ce qu'ils valaient. C'était le jour rêvé pour qu'un nom sorte du lot. Aujourd'hui, il fallait épater. Il fallait prouver qu'on était meilleur que les autres.

Il arrivèrent et prirent place dans les gradins. Les combats un contre un commencèrent. Chacun voulait montrer à son maître qu'il allait tout donner pour l'honorer. Ess, assis sur les gradins, regardaient les animaux se battre dans l'arène. Oui, c'est ce qu'ils étaient. Des animaux. Ils agissaient par instincts, n'étaient pas capable de voir ce qu'il y avait au delà du conflit Horde / Alliance. Tout ce qu'ils avaient en tête, c'était tuer. Tuer ou être tuer... Quel pitoyable résumé de la Vie. Ce fut le tour d'Ess. Il se leva, en même temps que son adversaire. Tout deux entrèrent dans l'Arène. En bas, son père les attendait. Il prit une des épées qui étaient là, à disposition des élèves, et la donna à l'adversaire d'Ess. Il en prit une deuxième, et la jeta aux pieds de son fils. Ce dernier se baissa et la ramassa. Elle était lourde. Trop lourde pour lui. Son père le savait. Il voulait l'humilier. Il croyait bêtement que cela allait motiver son fils, qu'il aurait honte et voudrait progresser. Tsss... pitoyable.

Son père cria pour annoncer le début du combat. Ess posa les yeux sur son adversaire. Il savait que son père le fixait. Son adversaire se mit en position de combat et s'approcha doucement. Ess sourit. Il n'était pas en position de combat. Il tenait son épée au bout de son bras, détendu. Lorsque son adversaire arriva près de lui, Ess, un sourire aux lèvres, tomba à genoux. Il sentit un instant de flottement. Son adversaire s'arrêta. Ess jeta son épée devant lui, entre eux. Abandon. L'abandon... la pire honte du guerrier. Le pire affront qu'il pouvait faire à son père. Ici, dans l'arène, entouré de tout les anciens et futurs guerriers d'Hurlevent. Ess tourna la tête vers son père et lui lança un regard de défi, un sourire diabolique au visage. Ce dernier, abattu par la honte, le fixait, poings serrés. Ce gamin allait payer. Il allait payer pour toutes ces années qu'il avait passées à l'élever, sans aucune reconnaissance.

Ess regarda son père s'avancer vers lui, dans l'arène, sous le regard de tout les combattants qui ne savaient que faire. C'était la première fois qu'ils avaient à faire à un guerrier qui refusait de combattre. L'adversaire d'Ess comprit ce qui allait se passer et s'éloigna en vitesse. Le père d'Ess fonça droit sur lui, poing levé.

« Tu n'es rien... »

Mais cette fois, Ess fut plus rapide. Cette fois, il ne se laissa pas faire. En un éclair il se releva et donna un coup de pied dans le sable, qui fit voler ce dernier sur son père. Il du se cacher les yeux et tourner la tête pour éviter le sable. Ess bondit sur lui et lui donna un violent coup de poing dans le ventre. Son père tomba à genoux, se pliant en deux, mais se releva aussitôt. Son regard était meurtrier. Jamais Ess ne l'avait vu si énervé. Lui, au contraire, était calme. Tout deux se fixaient, le regard noir. Ils tournaient, comme le feraient deux gladiateurs prêts à combattre. Son père était bien plus fort, et plus endurant que lui. Mais Ess savait qu'il aurait l'avantage: il l'observa. Son père portait sa lourde armure, il serait donc plus lent qu'Ess, qui ne portait qu'une chemise et un pantalon léger. De plus, le combat serait à mains nues. Or, son père était un guerrier qui maniait l'épée à deux mains. Ess savait mieux utiliser ses poings que lui. Son père chargea. Ess esquiva et lui rendit le coup, en plein visage. Le combat ne dura pas plus que quelques minutes. Ess était agile, rapide, frappait au visage de façon bien particulière, calculée, afin que cela fasse le plus mal possible. Son père, surpris, ne pouvait se déplacer aussi vite. De plus, il avait perdu l'habitude de se battre à main nues. Le fils mit son père, le grand guerrier, à terre. Il avait prouvé que sans arme et sans armure, on pouvait être tout aussi puissant. Il regarda son père, toujours extraordinairement calme. Celui-ci, essoufflé, se releva, mais pas pour continuer le combat. Simplement par fierté. Ess lâcha:

« C'est toi, qui n'es rien. »
« Moi, je sais me battre comme un soldat. »
« T'a pas été fouttu de te battre pour maman. »
« … C'est pour mon peuple que je me bat. Protéger ma patrie.»
« T'a pas été capable de protéger ta famille, le peuple n'a pas besoin de toi. »
« Le Peuple sait ce qui je suis. »

Ess rit.

« Oui. Tu es Leïross, le père d'Ess, le déserteur de l'Alliance. Autrement dit, tu n'es plus rien. »

Le jeune homme sourit. Bingo. C'était tout ce que Leïross redoutait: que sa réputation soit sallie. Elle l'était désormais, par son propre fils. Tout le monde entendrait parler d'Ess, le déserteur, tout le monde saurait que Leïross n'avait pas réussi à former son fils, et à en faire un Guerrier, comme tout ses ancêtres.

« J'espère que tu mourras par la main de quelqu'un. Et saches qu'à ce moment, je serais de tout coeur avec lui.»

Ess lança un regard de défi à toutes les personnes dans les gradins, puis à son père, et se dirigea vers la sortie de l'arène. Visiblement, personne ne savait quoi faire. Alors personne ne fit rien. Ces moutons étaient incapables de réfléchir d'eux-mêmes. Ils ne faisaient que suivre les ordres. Ess avait pitié d'eux. Il quitta l'arène, mains dans les poches, dos à l'Alliance. Il n'était plus des leurs.

SITUATION ACTUELLE : Il y a 3 ans, Ess a fait la rencontre de Deliantha. une simple soirée, ou tout deux on failli devenir plus que proches, mais rien de plus. Et pourtant. Il est bien connu que Deliantha Nightwing possède de sombres pouvoirs, et qu'elle s'en sert volontiers pour la séduction. Mais Ess ne pensais pas en être la victime, encore moins pendant près d'un an... Un an d'obsession, à ne penser qu'à elle, jours et nuits.
Et puis, après un an, il a fini par l'oublier peu à peu, "libéré" du sortilège qu'il pensait avoir reçu. Ess est aujourd'hui dans la même situation qu'il y a 3 ans, mise à part qu'il est un peu plus riche, et toujours plus... lui-même. Ess et Alessandrä ont crée un groupe il y a un an, dans lequel les a rejoins l'excentrique Thaanös, suite à la dislocation du groupe des Tauren Chieftains. Suivant leurs traces, ils tentent de conquérir le public. Ils commencent à être connus à Hurlevent et dans les régions alentours.